Elle enseigne l'art et la critique d’art. Depuis une dizaine d’années, elle intègre des tests psychologiques dans son travail d'artiste, puis elle les transforme en créant de véritables œuvres d'art (Michal Heiman Test à Documenta X, 1997). Elle poursuit ainsi la démarche de mettre en images sa vision personnelle du lien intime qui existe entre l'art, la psychologie, la thérapie et la politique, en s'appuyant sur divers conflits dont celui qui oppose actuellement Israéliens et Palestiniens. Utilisant la photographie comme partie intégrante de tout un arsenal créatif, elle en repousse les limites de la forme et du fond. À travers la série Photo Rape (« Photo Viol »), sa vision de la photographie comme forme d'exploitation atteint son paroxysme. En effet, pour Heiman, l'image repose sur des rapports de pouvoir entre le photographe et son sujet, sur un cycle malveillant de regards réciproques entachés de cécité, sur une pratique qui place ses sujets, notamment les femmes et les enfants, dans un angle mort. Elle endosse l'identité de photographe en se servant d'images existantes, classées selon des codes personnels qui le plus souvent n'ont rien à voir avec les intentions de l'auteur d'origine. Il s'agit donc de s'emparer du regard d'autrui pour ensuite le commenter, le critiquer à travers des titres qui « disent ce que les images ne veulent pas dire », qui donnent donc lieu chez le spectateur à des glissements d'attention. Son travail semble exiger du spectateur qu'il s'identifie soit au bourreau soit à la victime, tout en interdisant une telle prise de position. Le spectateur se trouve donc confronté en quelque sorte à l'ombre menaçante d'un tout autre type de photographie dépourvue d'esprit critique – la photographie de famille, d'amateur, d'institution… En effet, le spectateur devient une sorte d'ombre parcourant l'exposition, la menaçant comme un détective décidé à en révéler la véritable identité, à savoir « à quoi elle pense ». Dans son dernier travail, What's on your mind? – Michal Heiman Test No. 3, Michal Heiman sonde les mécanismes psychologiques à l'œuvre dans l'interprétation de l'art. Les participants sont plus nombreux, des vidéos remplacent les images fixes et le test se transforme en une sorte de pièce de théâtre – de « thérapie de groupe ».