Au cours de ses périples en Asie, en Europe, en Afrique et aux États-Unis, Matsue a photographié de nombreux paysages. Ces œuvres, dont le titre indique à chaque fois l'origine géographique, mettent en scène le plus souvent des montagnes nues, accidentées, apparemment éloignées de toute habitation. L'horizon est supprimé au profit des rochers et des quelques plantes éparses qui envahissent la surface de l'image. Cette objectivité préméditée découle directement de la démarche technique du photographe : une mise au point rigoureuse à laquelle n'échappe aucun détail donne lieu à une précision des formes et des nuances de gris qui fait ressortir avec une extrême netteté chacune des composantes visuelles. L'éclairage est également objectif, étant dépourvu de tout jeu de clair-obscur susceptible de rehausser un élément donné aux dépens d'un autre. Quant à l'origine historique de ces images, on pense tout de suite au dessin japonais à l'encre, à ces rouleaux verticaux où se pratique la même présentation de la nature à travers des tons de gris savamment nuancés. Parmi les peintres occidentaux, Matsue s'apparente peut-être à Caspar David Friedrich, célèbre pour son abord méticuleux, parfois volontairement artificiel de la nature et pour ses expériences sur le panorama. En fin de compte, la fascination exercée par l'art de Matsue plonge ses racines dans une ambition artistique aussi personnelle que sans concession.