« Une photo capture un certain paysage. Mais ce paysage est toujours là. Vous n’avez pas fabriqué l’appareil photo. Alors pourquoi cette photo serait -elle à vous ? Est-ce en raison de votre composition ? Simplement parce que vous avez appuyé sur l’obturateur ? » – Tan Chui Mui

Avant de répondre à la question posée par Tan Chui Mui, peut-être pourrions-nous pousser un peu plus loin la réflexion. De nos jours, les obturateurs mécaniques sont minuscules, tandis que les obturateurs électroniques évoluent vers un écran tactile et un mécanisme électromagnétique sous leur surface. La « fenêtre » par laquelle les gens capturaient les images s’est déplacée pour intégrer l'image elle-même.

Avec le développement des technologies de traitement des images, la méthode d'imagerie physique datant du XIX^e siècle a été remplacée par les appareils de communication mobiles du XXI^e siècle. Peut-être est-ce désormais la technologie, plutôt que la liberté, qui guide les gens. Tout est éphémère à une époque où tout le monde peut être photographe. Existe-t-il encore des choses qui soient éternelles ? Les passions et les désirs humains cachés derrière la technologie de l'image resteront-ils toujours les mêmes ?

La photographie, c’est l'art de créer des images. J’essaye ainsi de porter mon regard de commissaire vers des photographes non traditionnels, afin de présenter le travail de créatrices et créateurs d'images qui permettent d'élargir notre compréhension de la photographie contemporaine.

Par conséquent, je me demande comment les cinéastes comprennent l'image. Je suppose que les images de la réalisatrice Tan Chui Mui sont inséparables de son expérience, de la littérature et des observations quotidiennes de la vie. Comment fabrique-t-elle ses images ?

Dans Simplement parce que vous avez appuyé sur l’obturateur ?, un texte est une image, un film est une image, et l’exposition elle-même est une image. Pourtant, Tan Chui Mui n’a jamais appuyé sur l’obturateur pour obtenir ces images.

Wang Yiquan